L'Énergie verte du Costa Rica : un exemple à suivre

Un plan à long terme

Déjà en 2015, puis pour une deuxième année consécutive en 2016, plus de 98% de l'électricité produite et employée au Costa Rica provenait des énergies renouvelables. En tête, fournissant 75% de la facture globale d'électricité en 2016, l'hydroélectricité. En second, contribuant à hauteur de 12%, la géothermie, suivie de près par l'éolien ayant généré 10% de l'électricité consommée au pays dans l'année. Les filières du solaire et de la biomasse combinées fournirent quant à elles un peu plus du 1% de l'approvisionnement. L'année dernière, le petit pays d'Amérique Centrale a même battu son propre record de journées consécutives passées sans l'emploi de combustibles fossiles pour produire de l'électricité, soit 75. Sur l'ensemble de l'année 2016, ce sont 250 journées qui s'écoulèrent sans qu'aucune énergie d'origine fossile ne soit employée à cette fin. Les projections de l'ICE (Instituto Costarricense de Electricidad) pour 2017 portent à croire que les rendements seront similaires cette année.

Quelques comparaisons : seulement 15 % de l'électricité produite aux États-Unis provient de sources renouvelables. Le chiffre est similaire pour la France et légèrement inférieur pour la Belgique. Parmi quelques-uns des pays riches performant mieux à cet égard, citons la Suisse (60%), le Canada (62%), la Norvège (98%) et l'Islande (le seul pays ayant 100% de sa production d'électricité issue d'énergies renouvelables).

Contexte distinct

Mais comment ? Comment un petit pays de 5 millions d'habitants réussit-il à accomplir ce qui pour bien d'autres relèverait de l'exploit ? Tout d'abord, la morphologie du pays, avec ses plaines côtières et ses hautes montagnes, se conjuguant à sa situation géographique unique à la croisée de grands systèmes climatiques des Caraïbes, du Pacifique et des Amériques, lui assure la pluviosité nécessaire pour alimenter son important réseau d'énergie hydroélectrique, dont la source principale, le barrage Reventazón, peut à lui seul subvenir aux besoins de plus d'un demi million de ménages. Mais dépendre d'une telle ressource, dans un pays petit où les rivières sont courtes et l'étendue des bassins limitée, suppose une certaine précarité dont ont d’ailleurs souffert les rendements en 2016 (98.1%). Ils furent en effet inférieurs à ceux de 2015 (98.9%) alors que l'année débutait par une courte sécheresse qui affecta sensiblement le niveau des réserves dans les bassins, stimulant quelque temps l'emploi d'énergies fossiles pour compenser le manque à gagner. Similairement, mais à une toute autre échelle, le Costa Rica connut en 2014 la pire sécheresse de son histoire des dernières 70 années, le rendant plus dépendant au pétrole pour son approvisionnement en électricité.

Malgré cette vulnérabilité - une forte dépendance aux pluies régionales pour recharger ses bassins - le pays peut se permettre des objectifs ambitieux et projeter devenir une nation ayant 100% de son électricité issue de sources renouvelables, du fait que ses principales industries, le tourisme et l'agriculture, sont des secteurs peu gourmands en énergie électrique et grâce à des politiques de développements éclairées et audacieuses. L'activité volcanique importante au pays assurant une filaire géothermique dynamique, et les sommets des cordillères permettant de soutenir une filière éolienne en plein essor, une diversité de moyens et d'avenues s'offrent aux décideurs pour leur permettre de réaliser leurs ambitions vertes, et au-delà.

Un avenir vert...

Bien qu'il profite de nombreux avantages dont peu de nations jouissent, les réalisations du Costa Rica sont loin d'être négligeables. Le pays dispose d'un plan énergétique clair visant à moyen terme (vers 2021) la marque des 100%. Des projets sont actuellement en cours d'étude et de réalisation pour supporter cette vision et atteindre cet objectif. Cette année notamment seront mises en service quatre nouvelles centrales éoliennes. D'autre part, considérant que sont attendues des conditions météorologiques favorables au maintien de niveaux élevés dans les bassins qui alimentent les centrales, l'avenir semble rose pour l'énergie verte au Costa Rica en 2017.

En ce qui a trait à la qualité de l'air dans les grandes villes, et concernant le dossier du réchauffement global, la petite nation a cependant encore un long chemin à parcourir pour améliorer sa politique de transports, puisque 70% de ses émissions de carbone proviennent des véhicules. Mais même si beaucoup de travail reste à faire sur le plan environnemental, le Costa Rica peut certes servir d'exemple pour démontrer qu'économie et protection de l'environnement peuvent travailler de pair. Selon Paul Ekins, professeur de politique des ressources naturelles et de l'environnement à la College University de Londres, lors d'une entrevue donnée à la BBC, << Les costariciens sont maintenant plus conscients de leurs actifs environnementaux >>. Selon lui, la solution pour les pays d'Amérique Centrale passe par le développement de politiques visant à ce que les initiatives de protection de l'environnement soient perçues par les habitants comme des moyens d'améliorer leur qualité de vie. << Nous devons rechercher des façons d'assimiler, de marier, dans notre esprit les concepts de protection de l'environnement et d'accroissement de la qualité de vie. Les problèmes découlent souvent du fait que les sociétés industrielles perçoivent les politiques environnementales comme une entrave au développement économique, une vision que nous délaissons peu à peu >>.

Considéré comme un pays à revenu moyen élevé, le Costa Rica a connu une croissance économique soutenue au cours des 25 dernières années et il connaîtra, selon les estimations de la Banque Mondiale, une croissance de l'ordre de 3.9% en 2017.

 


Sources : ICE (Instituto Costarricense de Electricidad), energies-renouvelables.org, La Nacion, bbc.com, worldbank.org


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